La médecine vétérinaire manque encore cruellement de morphiniques efficaces, pouvant être administrés par voie orale.
Les vétérinaires disposent de nombreuses spécialités injectables pour soulager les douleurs chronique, traumatique et post-opératoire. Ces présentations sont parfaitement adaptées à la période de l’hospitalisation des animaux. En revanche, et contrairement à la médecine humaine, il n’existe pas de morphinique vétérinaire « puissant » pour gérer les douleurs résiduelles une fois que l’animal retourne à la maison : ainsi, le vétérinaire et le propriétaire se voient un peu dépourvus face à des douleurs parfois importantes. Le tramadol est le seul opioïde analgésique qui a une AMM chez le chien, néanmoins il peine à convaincre de son efficacité pour soulager ces douleurs parfois sévères.
Le manque d’efficacité des morphiniques par voie orale ne vient pas des molécules elles-mêmes (puisqu’elles sont efficaces par voie injectable), mais de la pharmacologie : ainsi, la méthadone, comme la morphine sont deux molécules qui, une fois absorbées par l’intestin, subissent un effet de premier passage hépatique important chez le chien, réduisant considérablement leur biodisponibilité.
Les auteurs de cette étude n’ont pas cherché à étudier les effets analgésiques d’une nouvelle molécule administrée par voie orale. Ils ont cherché à réduire la métabolisation hépatique de la méthadone. Pour ce faire, ils ont associé, chez le chien, la méthadone au fluconazole, un médicament antifongique systémique, apparenté à la famille des imidazolés. Ce médicament, contrairement au kétoconazole, n’a pas d’AMM chez le chien. Et tout comme le kétoconazole, il a une action inhibitrice qui peut être très marquée des enzymes de la famille des Cytochromes 450.
Ils ont ainsi augmenté la biodisponibilité de la méthadone par voie orale et prolongé son temps d’élimination : Une administration deux fois par jour par voie orale de méthadone a donné des résultats comparables à l’administration par voie injectable toutes les 4 heures.
Des résultats qui demandent à être approfondis, mais qui sont très encourageants pour la prise en charge de la douleur sévère des animaux non-hospitalisés.