Hyperthermie chez un Chow Chow sous anesthésie

L’hyperthermie est une situation qui survient rarement sous anesthésie générale. L’hypothermie est de loin la complication la plus fréquente. L’hyperthermie peut être définie comme une température centrale dépassant les valeurs usuelles (c’est une situation totalement incontrôlée). Elle diffère de la pyrexie (ou fièvre), qui est une augmentation régulée (controlée) de la température corporelle centrale secondaire aux effets des pyrogènes sur l’hypothalamus, augmentant le point de consigne de la température. A degré similaire l’hyperthermie est beaucoup plus dangereuse que l’hypothermie :

  • elle augmente la demande métabolique et la charge de travail cardiovasculaire
  • elle affecte la coagulation, entraînant un état prothrombotique qui, à l’extrême, peut conduire à une coagulopathie de consommation, des thrombi intramusculaire et une hémorragie incontrôlée.

Dans ce cas clinique, un Chow Chow mâle de 5 ans et pesant 28,2kg, de tempérament agité, devait subir un examen IRM pour paresthésie et ataxie. Son historique indiquait déjà une situation d’hyperthermie et d’hypercapnie sous anesthésie générale. Le protocole d’anesthésie incluait medetomidine, aceptromazine, butorphanol en prémédication, alfaxan en induction et isoflurane en maintenance. La température enregistrée dès le placement de la sonde oesophagienne indiquait 41,3°C. Malgré des mesures mises en place au début de l’examen IMR (en particulier l’augmentation de la ventilation et la proximité de pains de glace), la température n’a baissée que de 0,2°C. La décision a été prise d’arrêter la procédure d’imagerie médicale et de réveiller le chien.

Le traitement de l’hyperthermie en hospitalisation a consisté a inclut les éléments suivant :

  • Arrêt de l’isoflurane et entretien de la sédation au proposal en débit constant
  • Utilisation de pains de glace placés en région inguinale et axillaire
  • Utilisation de l’air conditionné et de la ventilation
  • Lavage de la vessie au sérum physiologique refroidi à 4°C
  • Du paracetamol (10mg/kg) et de l’atipamézole

Le chien a récupéré sans complication et est rentré le lendemain chez lui.

Quelques réflexions sur l’hyperthermie

Cette article est une bonne synthèse des facteurs favorisants et des mesures à prendre lors d’hyperthermie (et pas seulement à celle liée à la chaleur extérieure). Nous reprenons ici quelques éléments clés :

  • Les Chow Chows (comme les St Bernards) peuvent avoir du mal a réguler leur température corporelle. Leur double pelage, composé de poils primaires et secondaires (sous-poil), emprisonne l’air. En hiver, cela conserve une chaleur au contact de la peau, proche de la température corporelle idéale. En revanche, en été, cela empêche l’air frais de circuler et de refroidir la peau. De la même manière, cela réduit l’efficacité de la dissipation de la chaleur par convection (ventilateur) au cours de la réanimation d’une hyperthermie. La tonte des chiens prédisposées pourrait être recommandée pour améliorer l’élimination de la chaleur par conduction. Cela pourrait prévenir ce risque et le cas échéant optimiser la réanimation.
  • La race et le tempérament stressé du chien sont des facteurs favorisants à l’hyperthermie. Il est probable que si un examen clinique avait été possible avant l’anesthésie, l’hyperthermie aurait été notée et la procédure reportée. Dans cette situation, la prémédication à la maison pourrait être considérée.
  • L’IRM est une modalité d’examen qui peut contribuer à augmenter la température corporelle
  • L’utilisation de la glace pour traiter l’hyperthermie est controversée. En effet, à coté des brulures qu’elle peut entrainer, elle provoque une vasoconstriction cutanée. La conséquence est que le sang ne va pas circuler en périphérie et que les échanges thermiques entre le sang et l’extérieur ne peut plus avoir lieu.
  • La température rectale dépend de la circulation de sang dans la paroi rectale, du placement du thermomètre, de la présence de selles. Les changements de la température corporelle font varier très lentement la température rectale. A l’inverse, la température oesophagienne s’adapte très rapidement aux changement de la température corporelle. C’est pourquoi les mesures de refroidissement doivent cesser lorsque la température rectale atteint 39,4°C.

Nos autres actualités qui pourraient vous intéresser