Le réveil est une étape critique de l’anesthésie : l’animal peut avoir des agitations, des réactions incontrôlée et brutales. Cette étude recense les facteurs favorisant les agitations post-anesthésiques chez le chien et le chat.
Vu dans la presse :
https://www.cliniciansbrief.com/article/rough-anesthetic-recoveries
Une des causes d’agitation post-anesthésique peut être le délire d’émergence : il s’agit d’un état mental de confusion et d’agitation psychomoteur où l’animal n’interagit plus avec son environnement. Lorsqu’il a lieu, c’est en général directement après l’arrêt de l’anesthésie volatile. Les animaux peuvent devenir incontrôlables et il est donc important de réagir au plus vite pour éviter qu’ils se blessent. Pour cela, on peut leur injecter lentement une petite quantité de propofol (0.5-1 mg/kg IV lente) jusqu’à ce que les signes cliniques disparaissent.
La douleur peut également entrer en jeu dans les agitations post-anesthésiques. Les signes cliniques peuvent être des vocalises, une hyperventilation, un halètement ou encore de l’agressivité. Il ne faut pas hésiter à évaluer la douleur en post-opératoire avant et après traitement analgésique grâce à une échelle de douleur afin de vérifier l’efficacité du traitement. On pourra par exemple administrer de la methadone [0.1 mg/kg IV], de la buprenorphine [0.02 mg/kg IV] et/ou une perfusion à débit constant de ketamine [0.6 mg/kg/h]
Si la douleur a bien été pris en charge mais que les agitations persistent, l’anxiété peut en être la cause. Dans ce cas, il est utile d’administrer un calmant ou un sédatif. Il faut commencer par administrer la plus faible dose possible afin d’éviter les effets secondaires. On pourra utiliser l’acepromazine [0.01 mg/kg IV], la dexmédétomidine [0.001 mg/kg IV] (si pas de contre-indication). Une approche non médicamenteuse consiste à leur mettre un manteau anti-stress (thunder jacket) qui assure une pression constante sur le corps de l’animal et les détend.
Il ne faut pas oublier de palper la vessie et de la vider avant le réveil car la distension de la vessie peut générer un grand inconfort pour l’animal et lui provoquer tachycardie, halètement et des agitations.
Après exclusion des causes précédentes, on peut soupçonner la dysphorie liée à la prise d’opioïdes. L’antagoniste de choix utilisé est la nalaxone. Son action rapide annule l’action analgésique des opioïdes. Afin d’éviter cet effet, il est préférable de la diluer et de l’administrer lentement en IV jusqu’à ce que les signes cliniques disparaissent : 0.005-0.01 mg/kg dilué pour permettre une administration IV lente (0.5-1 mL/40 seconds). Parallèlement, un protocole d’analgésie de secours doit être préparé.
Enfin, l’administration d’une benzodiazepine peut déclencher une réaction de désinhibition comprenant parfois hyperexcitabilité, ataxie, hypersalivation, nystagmus, agressivité et une soudaine envie d’enlever son cathéter et les bandages. Le diagnostic se fait là encore, après exclusion des autres causes. L’administration en IV de Flumazenil (0.01 mg/kg IV lente), l’antagoniste des récepteurs des benzodiazepines, permet de rapidement arrêter ces signes cliniques.
Maintenant que vous connaissez les causes les plus fréquentes d’’agitations post-opératoires vous allez pouvoir l’anticiper et utiliser rapidement le traitement adéquate.
Pour améliorer vos protocoles d’anesthésie, cliquez ici.