La gabapentine développée initialement pour traiter les épilepsies, est aujourd’hui largement utilisée en tant qu’analgésique. Pour l’instant, les études ne prouvent pas son efficacité lorsqu’elle est utilisé seule.
Vu dans la presse :
Les auteurs de cet article ont réalisé une enquête auprès de vétérinaires Américains et Canadiens afin de connaître la dynamique de prescription de la gabapentine. Au total 718 vétérinaires ont répondu dont des praticiens généralistes, ainsi que des vétérinaires spécialistes en anesthésie, chirurgie, soins critiques et médecine interne.
On apprend que 69% des répondants, prescrivent régulièrement (quotidiennement/ hebdomadairement) de la gabapentine à leurs patients. La raison principale d’utilisation avancée par ces vétérinaires, est qu’elle est une alternative aux AINS lorsque ceux-ci sont contre-indiqués chez l’animal. Cependant ces deux molécules n’agissent pas sur la douleur par le même mécanisme. En effet, les AINS exercent leurs actions antalgiques par inhibition de la cyclo-oxygénase bloquant la libération de prostaglandines qui activent les nocicepteurs. Certains AINS peuvent également agir au niveau central. Ils permettent de traiter une douleur inflammatoire. La gabapentine elle, bloque les canaux calciques voltage-dépendants membranaires ce qui diminue l’excitabilité des neurones. Elle est efficace en association afin de supprimer les pics de douleurs que peuvent rencontrer les patients sous traitement analgésique. Les deux médicaments n’agissent donc pas sur les mêmes voies de douleurs. Ainsi, la gabapentine n’est pas un substitutif aux AINS.
Les effets secondaires de la gabapentine sont la sédation, l’ataxie, tremblements musculaires et la fatigue. Certains médecins anesthésiologistes soupçonnent que l’effet sédatif de la gabapentine masque la douleur. Une étude sur des chats souffrant d’ostéoarthrose va également dans ce sens. Après administration de gabapentine, les propriétaires perçoivent que la mobilité de leurs chats s’est améliorée mais également que leurs activités quotidiennes sont diminuées. Ils relèvent, le plus fréquemment, la sédation comme effet secondaire. Chez le chien, l’efficacité de l’analgésie des douleurs aiguë post-opératoires n’est pas avéré avec l’utilisation de la gabapentine. De même, en médecine humaine, une méta-analyse de 281 essais n’a montré aucun effet significatif analgésique de la gabapentine en périopératoire. Pourtant 29,5% des spécialistes en chirurgie ayant répondu prescrivent la gabapentine pour le traitement des douleurs aiguës et 26% pour les douleurs chroniques.
Enfin, 69% des répondants considèrent que le risque d’abus avec la gabapentine dans la population est faible. La majorité des participants disent autoriser les demandes de renouvellement sans restrictions majeures. Or à forte dose, des effets psychotiques similaires à ceux des opioïdes et des benzodiazepines ont été rapportés. Il est admis que certaines personnes utilisent la gabapentine à des fins récréatives. Son association avec des opioïdes augmente le risque d’overdose. Il est important de connaître ces détournements afin de ne pas créer d’addictions chez les clients.
Selon les auteurs de cette étude, de par leurs effets secondaire et l’utilisation abusive possible, la communauté vétérinaire devrait revoir la fréquence d’utilisation de gabapentine à la baisse.