Le syndrome obstructif des voies respiratoires supérieures est l’affection la plus fréquente chez le brachycéphale. Lorsque celui-ci arrive en détresse respiratoire, il s’agit d’une urgence. Un article issu du clinician brief (Brachycephalic Obstructive Airway Syndrome de Sophie Eiger, VMD et W. Alex Fox-Alvarez), fait le points sur les médicaments recommandés, à éviter ou à utiliser avec prudence, parmi les suivants :
- Dexmédétomidine
- Butorphanol
- Acépromazine
- Hydromorphone
- Dexaméthasone
- Carprofène
- Oméprazole
- Cisapride
- Métoclopramide
- Sucralfate
Tout d’abord, les médicaments de cette liste à ne surtout pas utiliser lors d’un syndrome obstructif des voies respiratoires supérieures sont :
- L’hydromorphone : l’hydromorphone augmente la fréquence respiratoire chez les chiens ce qui aggrave le syndrome obstructif. Cette molécule n’est pas disponible en France sous forme injectable pour un usage vétérinaire. La méthadone ou la morphine sont les alternatives. Ces deux médicaments ont tendance à provoquer une dépression respiratoire : la fonction respiratoire devra toujours être étroitement surveillée et de l’oxygène devra être administrée dès que possible. La morphine et l’hydromorphone peuvent provoquer des vomissements, ce qui est, à tout prix, à éviter chez ces chiens car ils ont déjà des troubles gastro-intestinaux. Pour éviter d’aggraver ce risque, ainsi que les fausses déglutitions, la méthadone sera privilégiée.
- Le carprofène sera évité. En effet, dans cette situation d’urgence, l’administration de glucocorticoïdes est souvent nécessaire pour traiter l’oedème pharyngé et laryngé: l’utilisation conjointe de glucocorticoïdes et de carprofen augmente alors le risque d’ulcères gastro-intestinaux.
Ensuite, les médicaments à utiliser avec précautions sont :
- La dexmédétomidine : cette molécule peut induire une dépression respiratoire, par la baisse du volume courant et la fréquence respiratoire. Cependant, cet effet est dose dépendante et l’usage de la dexmédétomidine pourra être éventuellement considérée chez certains patients et à des doses faibles. Une étude démontre qu’elle a une action sédative plus importante que l’acepromazine et que les capacités de récupération sont équivalents lorsqu’elle est combinée avec la méthadone chez les chiens opérés ayant un syndrome obstructif des voies respiratoires supérieures.
- L’acepromazine a peu d’effets secondaires respiratoires, c’est pourquoi elle peut être très utile pour tranquilliser un chien brachycéphale. Cependant ses effets analgésiques sont faibles et il faudra l’associer à un morphinique en cas de chirurgie. De par ses effets hypotenseurs, il ne faut pas l’administrer à un animal hémodynamiquement instable (insuffisance cardiaque).
- Le sucralfate peut être utilisé pour traiter les ulcères oesophagiens et gastriques. Son administration doit se faire au moins 30 minutes avant l’administration d’un anti-acide et au moins une heure avant le repas. Il doit être administré avec prudence chez les brachycéphales, en raison du risque de fausses déglutitions.
Enfin les médicaments que l’on peut utiliser sans risque chez les chiens atteints du syndrome obstructif des voies respiratoires supérieures sont le butorphanol, la dexaméthasone, l’oméprazole, le cisapride, et le métoclopramide.
- Le butorphanol est un morphinique faible : son intérêt réside dans son action sédative. Comparé aux autres sédatifs, le butorphanol présente peu d’effets dépresseurs respiratoires. Il est fréquemment utilisé dans les situations d’urgence.
- La dexaméthasone peut être utilisée pour traiter l’oedème laryngée fréquent chez les brachycéphales en situation d’urgence ou le prévenir en post-opératoire. La dexaméthasone agit relativement rapidement : ses effets secondaires gastro-intestinaux apparaissents lors de traitement long, ce qui ne sera pas le cas ici.
- L’oméprazole est un anti-acide puissant, qui agit en inhibant les pompes à protons. Comme 77 % des brachycéphales ont des troubles gastro-intestinaux, il est particulièrement indiqué.
- Le cisapride est un agent prokinétique qui a un grand spectre d’action et agit à tous les niveaux du tube digestif : il est donc intéressant chez les brachycéphales présentant des troubles du transit digestif.
- Le métoclopramide a un intérêt controversé dans la prévention des reflux gastro-oesophagiens. Il semblerait néanmoins qu’une injection de métoclopramide suivie d’une infusion à débit constant prévienne ce risque.